À propos de fausses nouvelles
Parmi les sujets abordés lors des Assises de la presse francophone à Conakry, les fausses nouvelles ont occupé une place de choix.
Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias - même dans ceux qui sont réputés sérieux - les fausses informations se multiplient et il est bon de les débusquer. Mais il y a aussi des informations vraies qui ont parfois de la peine à atteindre le public.
Car il est bien connu que toute vérité n’est pas bonne à dire. Cette maxime est d’ailleurs assez souvent mise en œuvre par des journalistes occidentaux qui font pourtant volontiers la leçon à leurs confrères d’autres parties du monde. Ainsi, par exemple, lors du coup d’état de février 2014 en Ukraine, la plupart des médias dominants ont fait semblant de ne pas voir qu’il y avait parmi les émeutiers de Maidan des fascistes et même des néo-nazis assumés, qui font d’ailleurs partie désormais du gouvernement de Kiev. Ceux qui le leur faisaient remarquer étaient accusés d’être des «complotistes» coupables de donner de fausses nouvelles et devenaient ipso facto des «sources non fiables» pour les décodeurs justiciers qui prétendent nous expliquer ce qui est vrai ou pas. Et lorsqu’un film du cinéaste français Paul Moreira intitulé «les masque de la révolution» a été diffusé en 2016 par la chaîne de télévision Canal +, malgré des pressions incroyables du régime ukrainien, son auteur a été conspué par les médias dominants, notamment par le quotidien Le Monde qui lui a reproché un «parti-pris grossier»…
Mais les faits sont têtus et il y a quelques semaine à peine la chaîne italienne Canale 5 a diffusé un reportage intitulé: «Ukraine : la vérité cachée», d’où il ressort que les tireurs qui ont tué des civils et des policiers sur la place Maidan n’étaient pas des partisans du méchant président «prorusse» Yanoukovitch mais des snipers géorgiens recrutés par les gentils «révolutionnaires» pro-occidentaux. Il s’agissait donc en l’occurrence d’une vérité qui n’était pas bonne à dire. Ce qui n’est pas très étonnant dans le contexte actuel d’hystérie antirusse, qui est pire encore qu’à l’époque de la guerre froide. À ce propos, quand bien même les Russes seraient intervenus dans la compagne électorale qui a vu la victoire de Donald Trump, le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne seraient pas les seuls à se mêler des affaires des autres. Le sénateur étasunien Thom Tillis a ainsi déclaré en janvier 2017 que son pays était intervenu dans 81 élections d’autres pays depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, sans tenir compte, a-t-il précisé, des coup d’État et des interventions militaires…
Ph.S.