• 25 avril 2024

Journalistes? Cherchez la femme!

C’est en 2014 à Dakar, capitale du Sénégal, que l’Union Internationale de la Presse Francophone avait entamé un tournant dans son organisation ainsi que dans sa façon de fonctionner. L’organisation avait besoin de se poser de bonnes questions sur sa structure, sa composition et son but dans un monde de plus en plus connecté et numérisé. Le nouveau président élu cette année-là, le Sénégalais Madiambal Diagne, est bien décidé à consacrer toute son énergie et à prendre le temps nécessaire pour mener à bien ces changements.

Un an après, lors de ses 44e Assises qui ont lieu fin novembre 2015 à Lomé, capitale du Togo, l’UPF a annoncé la couleur en choisissant comme thème «La place des femmes dans les médias francophones». Les intervenants et surtout les intervenantes, souvent des femmes-journalistes de terrain ont permis des débats contradictoires et des discussions passionnantes. Comme souvent dans les réunions de l’UPF, ce sont les Africains qui ont posé les meilleures questions et avancé les meilleurs arguments.

S’il fallait retenir un seul exemple du courage dont peuvent faire preuve des femmes journalistes, il faudrait s’arrêter sur celui de la journaliste congolaise Solange Lusiku Nsimire, éditrice du journal le «Souverain» à Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo, qui tous les jours met en péril sa vie et celle de son équipe en faisant son travail de journaliste de terrain, un terrain dangereux pour les journalistes en général et pour les femmes en particulier.

Après trois jours de travaux très intenses le constat s’impose: il y a encore beaucoup à faire dans les médias pour établir l’égalité entre hommes et femmes. Et même si cela concerne beaucoup plus les pays francophone d’Afrique, c’est aussi le cas dans les pays occidentaux. Il apparaît très clairement en effet que l’homme, où qu’il soit, ne fait rien, ou alors pas grand-chose, pour aider la promotion des femmes journalistes.

L’Union Internationale de la Presse Francophone a d’ailleurs été la première à être examinée attentivement par les participants en ce qui concerne le thème même de ces Assises. Car là aussi beaucoup reste à faire, puisque l’on ne compte aucune femme élue dans le bureau de l’UIF en dépit du nombre important des femmes qui font partie de son Comité International, où elles représentent les sections de leurs pays respectifs. Jamais l’Union n’a été dirigée par une présidente et les sections nationales des pays africains francophones sont en quasi-totalité dirigées par des présidents. C’est en Europe de l’Est et centrale que l’on trouve des présidentes de sections, notamment en Arménie, en Bulgarie, en Croatie, en Hongrie, en Moldavie et en Serbie. La section française, qui est la plus grande est dirigée par un homme, ainsi que celles de Belgique et de Suisse.

Les Assises de Lomé ont été un succès pour l’Union et pour le pays hôte. Espérons que la première pierre sur la voie des changements nécessaires en matière d'égalité entre les sexes dans le domaine de la presse et des médias a bien été posée à Lomé. Les photos ci-dessus de la cérémonie d’ouverture et de clôture sont à cet égard révélatrice: aucune femme à la tribune lors de la première, trois lors de la seconde... Au delà de ces photos témoins, tous les participant(e)s ont été impressionné(e)s par la qualité des débats et certains d’entre eux ont même assuré qu’ils prendraient prochainement des décisions importantes concernant «la place de la femme dans les médias francophones».

De Lomé, capitale du Togo, Margareta Donos

 

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