• 19 avril 2024

Savez-vous que Gugută habite Genève?

La Moldavie a déclaré 2013 – Année Spiridon Vangheli. C’est un très bel hommage à l’écrivain qui a su créer Guguţă et qui nous a appris à travers ce personnage la gentillesse et le partage. A cette occasion j’ai envie de dire à Spiri- don Vangheli que si lui il a créé Guguţă, moi, j’ai eu la chance de le rencontrer. Il est Suisse et citoyen genevois, il aime la Moldavie, il apprécie notre peuple et il partage son bonheur avec les enfants moldaves.

Tout commence il y a une dizaines d’année, quand notre Guguţă suisse, de son vrai nom Blaise Perret, se rend en Moldavie sur cette «terre latine à côté du monde slave». Il va jusqu’en Trans- nistrie ou l’accueil est chaleureux dans ce «coin oublié de l’Union Soviétique» et il arrive même au Sud du pays pour voir les Gagaouzes. La Moldavie le sé- duit et de retour en Suisse il cherche davantage d’informations concernant ce peuple et cette terre. En 2006, le quo- tidien romand «Le Temps» consacre deux pages entières à la Moldavie où il est question entre autres de Gugută, comme étant l’un des symboles de la culture moldave. Le héros plait beau- coup à Blaise Perret au point de devenir son modèle.

– Monsieur Perret, comment expliquez- vous votre intérêt pour la Moldavie?

– Je le vois d’abord dans la situation géogra- phique du pays. Ce bout de terre latine qui se trouve actuellement entre deux puissances géopolitiques et économiques: l’Union euro- péenne et la Fédération de Russie. Ensuite je trouve fascinant ce mélange de langues, de cultures, de coutumes et de nationalités qui vivent côte à côte. Je compare tout cela à mon pays, la Suisse, qui est elle aussi petite et isolée au milieu du continent européen, mais riche des différentes cultures, langues et reli- gions qui l’habitent. Je considère qu’il s’agit dans les deux cas d’une chance.

– Votre intérêt pour mon pays n’est pas seulement théorique et contemplatif, car vous participez à des projets concrets des- tinés à des enfants moldaves. 

– Je suis passionné depuis toujours par la mythologie grecque, qui nous enseigne le partage, la paix et l’acceptation de l’autre quel qui soit. En lisant les informations sur Guguţă, j’ai compris que l’auteur transmettait la même philosophie – le partage sans frontière. J’ai donc décidé de partager. Toute ma vie j’ai travaillé avec des enfants dans les écoles genevoises en tant que maître de dessin. J’aime beaucoup les voir grandir et évoluer dans la vie. Pour cela ils ont besoin de leur propre monde, celui des jouets et de la liberté. C’est dans cet esprit que je collabore avec la Communauté moldave de Suisse, qui est devenue un peu ma famille, dans le cadre de différents projets pour la Moldavie. Parmi les plus importants et les plus visibles on peut mentionner la construction de terrains de jeux pour les enfants du village de Cureşniţa- Nouă près de Soroca en 2010, un autre dans la localité de Tomai qui dépend de Ciadîr- Lunga en 2011 et l’année passée c’était le tour des enfants du village de Maşcauţi proche de Criuleni.

– on peut presque parler d’une tradition annuelle? Puis-je vous demander ou sera construit le terrain de jeux de 2013?

– Je suis particulièrement fier du projet de cette année. Depuis mon voyage en Trans- nistrie je voulais faire quelque chose pour cette région qui a souffert du conflit armé. La petite ville de Varniţa, qui se trouve dans la zone très instable des frontières non re- connues, entre les mondes latin et slave, doit être un pont d’amitié et de réconcilia- tion. Guguţă tient à dire que son obsession des ponts est très ancienne. Elle date de l’époque où je faisais mon service mili- taire. En tant qu’officier de l’Armée suisse je protégeais un pont sur l’Aar à l’endroit où ce fleuve réunit la Suisse francophone et la Suisse germanophone. Nous allons donc installer un terrain de jeux comme un pont de l’amitié. Je souhaite que tous les enfants de la région puissent jouer ensemble sur ce terrain, qui sera inauguré le 1er juin, date de la fête des enfants en Moldavie.

– Avez-vous eu des réactions de la part d’enfants moldaves?

– Pour moi il est important de savoir que des enfants se réjouissent quelque part en Mol- davie. L’année passée j’ai reçu des dessins des enfants de la localité de Maşcauţi sur le thème du mythe de la «La toison d’or». Ces dessins sont superbes et je les ai accrochés au mur de mon appartement. C’est la plus grande des récompenses.

– Vous rendrez-vous à Varniţa pour la cérémonie d’ouverture?

– Vous savez, Guguţă ne voyage plus, il fait voyager les autres à travers le mythe grec de «La toison d’or» et à travers le rire des enfants moldaves. Je suis en Moldavie partout ou les enfants sont heureux.

                                    

Terrain de jeux à Cureşniţa Nouă, 2010  

Tomaï: inauguration le 1 juin 2011

Tomaï: inauguration le 1 juin 2011

Varniţa: le centre de village 

 

 

Propos requis par Margareta STROOT

Photos: Valentin MACARI 

 

Articles connexe

L’image compte

Chaque pays est responsable de son image en extérieur. La politique étrangère doit comprendre ...