Nager pour la Paix
Certains en ont rêvé et très peu l’on fait: nager dans les eaux froides des océans parmi les méduses et les requins pendant des heures en parcourant des dizaines de kilomètres. Le nageur moldave de longe distance Ion Lazarenco est le huitième au monde à l’avoir tenté et le seul à l’avoir réussi du premier coup.
Même si notre star sportive habite en Irlande, c’est sous le drapeau moldave qu’il a traversé le détroit de Gibraltar (14 km) et la Manche (34 km) en 2014, le Canal du Nord (34 km) – en 2015, le canal Catalina (34 km) et celui de Molokai (44 km) – en 2016, le canal de Tsugaru (20 km) – en 2017 et le détroit de Cook (26 km) – en 2018. Ainsi il a relevé le défi «Ocean’s Seven» et le gouvernement moldave a décidé de présenter sa candidature au Prix Nobel de la Paix. Rêve ou réalité? Les deux. Tout en sachant à quel point la remise de ce prix est politisée, les Moldaves se sont mis à rêver. A l’heure où beaucoup de migrants se noient parce qu’ils rêvent d’une autre rive, un migrant moldave nage dans les eaux froides pour la Paix.
Contrairement à la plupart d’entre nous qui ne pourrons jamais traverser à la nage le détroit de Gibraltar, ce petit pays de l’Europe de l’Est ose un rêve, ou une illusion. Il est permis de se demander à ce propos s’il est plus courageux de se lancer dans l’océan des eaux froides ou dans l’océan de la communication?
Ion Lazarenco sera le 13 juillet parmi les nageurs qui vont, dans le cadre d’une course sur le lac Léman, relier les rives de deux pays, de Lausanne à Evian-les Bains. Les eaux y sont certes plus chaudes que celles de l’océan, mais les courants sont toujours présents, tout comme le goût de l’effort et l’enthousiasme nécessaire à une telle entreprise.