Editorial
L’Arménie est devenue membre à part entière de l’Organisation Internationale de la Francophonie en 2008. Comme pour d’autres pays de l’Europe de l’Est membres de l’organisation, nombreux ont été ceux qui se sont interrogés sur le degré de francophonie de ce pays du Caucase. Certes, l’adhésion à l’OIF ne se réduit pas à la seule existence ou utilisation de la langue française sur le territoire national, mais ce principe en fait partie. La Commission du Fonds d’appui à la presse du sud a tenu sa réunion annuelle à Erevan, ce qui nous a permis de faire connaissance avec ce pays surprenant.
Du point de vue géographique l’ Arménie se trouve au carrefour de grands empires – perse, romain, byzantin, turcottoman et russe. Encore aujourd’hui son territoire est morcelé, occupé et disputé. Avec une histoire qui se déploie sur plusieurs millénaires, avec une culture influencée par les empires et les voisins et avec sa version nationale du christianisme, le peuple arménien a toujours fait preuve d’une détermination farouche à développer et conserver son identité nationale. Cela n’empêche pas l’Arménie moderne d’être ouverte sur le monde, de chercher des alliances et de construire des relations avec d’autres pays.
Une de ces alliances est la Francophonie et l’Arménie trouve toute sa place dans cette organisation. Le français occupe en effet une place importante dans la société et dans la vie quotidienne de cet État du Caucase. L’université française d ‘Arménie est ainsi le vivier exemplaire des cadres francophones qui trouvent du travail dans le pays. La Directrice de la Télévision nationale s’exprime par exemple dans un français un peu hésitant mais fort élégant et dans un magasin de téléphonie on vous répondra spontanément dans la langue de Molière.
Outre l’Alliance française, assez présente avec diverses activités culturelles, la toute jeune section arménienne de l’Union internationale de la presse francophone étonne parson dynamisme. La plupart de ses membres sont de parfaits francophones. Le site internet intitulé «Le Courrier d’Erevan» est pour sa part une publication récente mais déjà très dynamique et pleine de projets.
En quelques jours et plusieurs rencontres, les membres de la Commission ont été séduits par la francophonie arménienne, qui est très présente et bien vivante. Même s’il s’agit d’un tout petit pays dont le français n’est pas langue administrative, l’Arménie constitue un pilier important pour l’OIF. Pour plusieurs pays de l’Europe de l’Est l’appartenance à la Francophonie représente une diversification bienvenue de leurs contacts internationaux. On peut rappeler à ce propos qu’une diplomate vietnamienne à qui l’on demandait pourquoi son pays, assez peu francophone, voulait être membre de l’OIF avait répondu: «pour retarder le plus possible la macdonaldisation du Vietnam»...
Margareta STROOT
Erevan