La Moldavie à l’OIF: pourquoi faire ?
La Moldavie est membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie depuis 1997. Après presque 20 ans d’appartenance à la famille des pays qui ont en partage la belle langue française, il est temps de se poser la question de l’état de cette francophonie dans notre pays.
On peut commencer par regretter la disparition de la «Maison des savoirs» de Chișinău. Ce projet participatif de l’OIF implanté dans quelques pays membres de l’Organisation n’a pas eu une longue vie en Moldavie. Cela peut s’expliquer par l’attitude des Moldaves en général et des autorités en particulier qui ne connaissent guère que la politique de la main-tendue-pour-recevoir-quelque-chose et ainsi que par le manque de stratégie des gouvernements successifs dans ce domaine.
«L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a pour mission de "donner corps à une solidarité active entre les 80 États et gouvernements qui la composent (57 membres et 23 observateurs)". L’une de ces missions assignées par le Sommet de la Francophonie est la promotion de la langue française et de la diversité linguistique et culturelle. Or il semble bien qu’en Moldavie la diversité linguistique se réduise à la promotion de la langue anglaise… Il suffit de se balade dans la capitale pour constater l’influence disproportionnée de la langue anglaise dans les commerces, sur les enseignes, dans les publicités et dans les médias locaux. Même l’adresse électronique du Ministère des Affaires étrangères est en anglais: @mfa.md et pas dans la langue nationale! De-là à ce que la Moldavie demande son adhésion au Commonwealth britannique…
La Moldavie, pays le plus francophone d’Europe Centrale et Orientale avec plus d’un écolier, collégien ou lycéen moldave sur deux qui apprend le français, est littéralement occupée par la langue anglaise et les«valeurs» qui l’accompagnent. A ce sujet, il est bon de citer Abdou DIOUF, l’ancien Secrétaire général de la Francophonie, qui disait: «Une langue n’est pas seulement le moyen de se comprendre, elle permet, aussi, l’affirmation de valeurs et la création mentale de mondes possibles». Vers quel monde possible se dirige donc notre pays ?
Certes, la fête de la francophonie est l’occasion d’organiser des concerts et de montrer des films francophones. Elle peut aussi nous inciter à poser des questions pertinantes concernant notre vision du monde dans lequel nous voulons vivre et à être conséquent avec soi nous-mêmes. Pays de tradition latine et d’influences slaves, la Moldavie ne devrait-elle pas se sentir plus proche linguistiquement et culturellement de Paris, Madrid, Rome et Lisbonne plutôt que de Londres? Pour ne parler que de l’Europe et ne pas traverser l’Atlantique…
Margareta STROOT