Entre ironie et poésie: la République de Moldavie au FIFF
Le cinéma moldave à l'honneur au FIFF Fribourg (Suisse)
Chaque année, la cinématographie d’un pays est mise en lumière, et cette année c’est le cinéma de République de Moldavie! Une belle sélection de longs métrages (fictions et documentaires) et de courts métrages sera présentée au public durant le Festival (17-26 mars 2023). Une table ronde est aussi organisée pour présenter au public l’histoire du cinéma moldave et sa (re)naissance actuelle.
Le Festival International du Film de Fribourg dévoile la section Nouveau territoire : République de Moldavie
Un peu plus d’un mois avant sa 37e édition, qui se tiendra du 17 au 26 mars 2023, le FIFF, Festival International du Film de Fribourg, dévoile sa section Nouveau territoire, offrant comme chaque année une plongée au cœur d’une cinématographie méconnue. Alors que la guerre en Ukraine est au cœur de l’actualité depuis bientôt une année, c’est sur un pays voisin que le FIFF dirige ses projecteurs : la République de Moldavie, enclavée entre l’Ukraine et la Roumanie. Trois longs métrages de fiction (dont Carbon, candidat moldave aux Oscars 2023), quatre documentaires et deux programmes de courts métrages récents promettent une immersion dans le cinéma teinté d’ironie et de poésie d’une jeune génération talentueuse. Programme complet dès le 1er mars 2023 sur fiff.ch.
Après avoir dédié sa section Nouveau territoire à l’Angola l’an dernier, le FIFF présente une nouvelle sélection inédite, avec ce premier panorama au monde consacré au septième art moldave. Fortuite et chaleureuse, la rencontre avec le producteur Ion Gnatiuc a piqué la curiosité du directeur artistique du FIFF Thierry Jobin : « La République de Moldavie, qui compte moins de 3 millions d’âmes, a visiblement compris que sa cinématographie avait tout à gagner à ne pas imiter les autres. Cette voisine de l’Ukraine, elle-même coutumière des bruits de bottes russes en Transnistrie, confirme la règle : plus un film est enraciné localement, plus il devient universel. Quelle découverte ! Des films parfois bucoliques, souvent métaphoriques, se sauvant de l’absurde de situations politiques embourbées par un humour très fin ». Dans le cadre du FIFForum, Ion Gnatiuc – qui a accepté le rôle de curateur de la section – participera en compagnie d’une délégation de cinéastes de son pays à une table ronde sur la (re)naissance du cinéma moldave.
Si elle compose aujourd’hui avec les conséquences d’une guerre à ses portes – accueil massif de réfugié·es ukrainien·nes, régulières coupures d’électricité généralisées notamment – la République de Moldavie connaît depuis la chute de l’URSS des scissions sur son territoire avec l’État indépendant autoproclamé de la Transnistrie. Les bousculements géopolitiques ont des conséquences sur son cinéma : développé dans les années 1960 sous l’URSS, il connaît une quinzaine d’années fructueuses et ambitieuses, avec la construction de grands studios. Après la chute de l’URSS s’ensuit une période de stagnation, puis un quasi-effondrement dès la proclamation de l’indépendance du pays en 1991, faute de moyens alloués. Une jeune génération talentueuse reprend les rênes de l’industrie et fait des étincelles, comme le prouvent les nombreuses pépites produites durant la dernière décennie.
2023 est une belle année pour le cinéma moldave, qui a pu se mettre sur les rangs de l’Oscar du meilleur film étranger avec pour candidat le film Carbon de Ion Borș, qui sera projeté au FIFF. À voir également, l’impressionnant Pigeon’s Milk, premier film tourné en République pro-russe autoproclamée de Transnistrie, dans lequel des camions de lait sont remplis de vin rouge pour pallier l’ennui des soldats. Ou encore The Soviet Garden, stupéfiante enquête documentaire sous le régime de Khrouchtchev entre 1958 et 1964, alors que le gouvernement caressait le projet secret de transformer l’actuelle République de Moldavie en jardin d’expérimentation pour étudier l’impact de l’énergie atomique sur l’agriculture locale. Les personnages féminins combatifs ont leur place dans le cinéma moldave, en témoigne le puissant et poétique Anişoara d’Ana Felicia Scutelnicu, sélectionnée avec son précédent film au FIFF en 2017. L’un des deux programmes de courts métrages est par ailleurs adapté au jeune public (dès 12 ans) et fait aussi partie de la section Découvertes en famille.
Le programme complet du 37e FIFF (17-26 mars 2023) sera annoncé le 1er mars.
Nouveau territoire : République de Moldavie
Longs métrages (fiction) Longs métrages (documentaires)
- Anişoara, Ana Felicia Scutelnicu, 2016
- Pigeon’s Milk, Eugen Marian, 2021
- Carbon, Ion Borș, 2022
Longs métrages (documentaires)
- The Soviet Garden, Dragos Turea, 2019
- Goodbye, Olegovici!, Eugeniu Popovici, 2020
- Please Hold the Line, Pavel Cuzuioc, 2020
- Maluri, Lucia Tăut, 2021
Programme 1 : Courts moldaves
- Ana, Natalia Shaufert, 2013
- Lazarus Syndrome, Eugen Damaschin, 2018
- My Uncle Tudor, Olga Lucovnicova, 2020
- Salix Caprea, Valeriu Andriutã, 2018
Programme 2 : Courts moldaves
Aussi dans la section Découvertes en famille (dès 12 ans)
- Sigh, Vlad Bolgarin, 2019
- Paparuda, Lucia Lupu, 2016
- Aripi, Dimitri Voloshin, 2019
- Ce zici?, Ioana Vatamanu-Margineanu, 2021
- Colectia de arome, Igor Cobileanski, 2013
- Daydream, Igor Cobileanski, 2019
FIFForum table ronde: rencontre avec Ion Gnatiuc et la délégation de cinéastes moldaves (entrée libre)