• 18 avril 2024

L’éducation des filles et la formation des femmes – un sujet à l’écoute de la Francophonie

 

Pour commencer, je vous invite à lire quelques statistiques. Au XXIème siècle, l’époque des hautes technologies et (déjà) de l’intelligence artificielle, une fille sur cinq au niveau mondial n’a pas accès à l’éducation élémentaire. D’après les chiffres présentés par l’UNESCO, la moitié des enfants non-scolarisés sont des filles (sur un total de 262 millions d’enfants et adolescents qui ne fréquentent pas l’école dans le monde entier). En même temps, 62 millions de filles âgées entre 6 et 14 ans ont été totalement privées d’éducation en 2018. L’organisation non-profit Plan International (active dans 75 pays du monde pour promouvoir les droits des enfants et l’égalité pour les filles), a rapporté les chiffres fournis par d’autres organismes internationaux en montrant que si la fréquentation de l’école par les filles augmentait de 10% (en moyen, au niveau global), le produit intérieur brut d’un pays croîtrait d’environ 3%. Chaque année passée en classe, estime l’ONG, implique l’augmentation des revenus à long terme (qui puisse varier entre 10 et 20%), et ça génère, évidemment, une croissance du développement général d’un pays. 

Le problème de l’accès des filles à l’éducation, mais aussi de la formation des femmes, n’est pas nouveau, ni, apparemment, ignoré par les autorités au niveau global (l’ONU a institué en 2012 le 11 octobre comme «La journée internationale des filles»). Les statistiques continuent à être inquiétantes, et plusieurs gouvernements ne font pas suffisamment d’efforts pour améliorer cette situation. Dans ce contexte, au mois de juin 2019 le sujet a été abordé dans le cadre de la conférence internationale «L’éducation des filles et la formation des femmes dans l’espace francophone: défis, bonnes pratiques et pistes d’action», organisée par l’Organisation Internationale de la Francophonie et ses partenaires à N’Djamena, République du Tchad. En partant de l’idée exposée par la Secrétaire générale de l’IOF, Louise Mushikiwabo, que l’instrument le plus efficace pour le développement des sociétés est celui de l’éducation des filles, les travaux de la conférence se sont déroulés autour de la conviction que chaque pays devrait offrir « une éducation de qualité pour toutes » ses filles et femmes, également comme pour les garçons et les hommes. Les participants ont touché des aspects comme : l’accès des filles et des femmes à l’éducation, l’échec fréquent dans leur parcours éducatif et de formation, les inégalités d’ordre socio-culturelles, économiques et politiques qui touchent les filles et les femmes dans différents pays du monde, la mortalité infantile due y compris au fait que les filles se marient tôt et accouchent à un âge précoce, etc. 

La République de Moldova a été représentée à la conférence de N’Djamena par Ludmila Oleinic, consultante supérieure dans la Direction analyse, surveillance et évaluation des politiques du Ministère de l’Education, Culture et Recherche. La fonctionnaire a présenté l’expérience de notre pays concernant les contenus des programmes scolaires de la perspective du genre. Dans le cadre de l’atelier « Pratiques éducatives et de formation initiale/continue des acteurs de l’enseignement dans la promotion de l’égalité du genre », la représentante du Ministère a parlé, en particulier, de l’intégration de la dimension du genre dans la formation initiale et continue des professeurs et dans la formation de la conscience sensible au genre en Moldavie. Plus précisément, il s’agit, d’une part, de la restructuration des contenus des matières scolaires en faisant plus d’attention aux sujets sensibles à la dimension du genre, et d’autre part, des formations organisées pour les enseignants et le personnel de gestion des institutions éducationnelles, pour qu’ils sachent comment enseigner aux élèves différents sujets, en assurant l’équilibre du genre. À côté des matières générales (développement personnel, éducation civique, éducation aux droits de l’homme et à la citoyenneté démocratique, etc.), dans lesquelles ont été intégrés des contenus liés à l’équité femme-homme, Ludmila Oleinic a mentionné aussi le guide didactique pour les professeurs et les élèves « Éducation pour l’équité de genre et chances égales », que les enseignants et les enseignés utilisent pendant les cours. En parlant de la relation entre le système éducationnel et le marché du travail, la fonctionnaire a partagé avec les participants à la conférence la bonne pratique de 2018 de la Moldavie, quand, lors du Forum des métiers et des professions, les jeunes ont été guidés en matière des programmes d’études, mais aussi de la relation avec les employeurs de la perspective du genre (comment négocier un emploi, comment y accéder en fonction du genre, etc.).

Donc, le rapport de notre représentante s’est surtout axé sur les actions des autorités moldaves visant la sensibilisation des professeurs et des élèves aux sujets liés aux genres. Pour d’autres pays participants, spécialement de l’Afrique et de l’Asie de Sud et d’Ouest, le vrai problème est l’accès des filles à l’enseignement et à l’éducation. L’échange de l’expérience et des bonnes pratiques semble vraiment important, même si les inégalités en ce qui concerne les conditions, les traditions et les réalités restent signifiantes entre différents pays. 

Pour revenir aux statistiques, par exemple, on peut mentionner que le degré d’alphabétisation en Moldavie, parmi la population de 15-24 ans était en 2017 de 99,7% , et le taux d’abandon précoce du système d’enseignement était de 17,6% pour les filles et de 21% pour les garçons. En même temps, si on regarde le niveau d’enseignement parmi les femmes de 25-49 ans, ou la catégorie la plus active pour l’économie nationale, 23,2% ont un niveau bas, 49,4% - un niveau moyen et 27,5% - un niveau supérieur. Une autre statistique intéressante montre qu’en 2016, du nombre total des personnes qui ont fini le premier Cycle (License) de l’enseignement supérieur en Moldavie, 60% étaient des femmes, et dans le cas du deuxième Cycle (Master) le taux a été de 65% . La liste des chiffres qui indiquent des tendances positives concernant l’accès et la présence des filles et des femmes dans plusieurs services/domaines est assez impressionnante. 

Entre temps, à N’Djamena, l’IOF, s’appuyant sur les différentes pistes d’actions dégagées pendant les échanges entre les participants à la conférence de 18-19 juin 2019, affirme son ambition pour l’éducation des filles et la formation des femmes à travers les recommandations suivantes:

  1. Mieux mesurer pour mieux agir: création d’un Partenariat francophone sur les données statistiques « Genre et éducation » et mise en place d’un mécanisme de suivi des progrès sur l’éducation des filles et la formation des femmes.

  2. Mieux former pour mieux enseigner et apprendre: renforcement des formations initiales et continues des enseignants et personnels de supervision, développement d’une norme « Éducation-Égalité » pour les ressources pédagogiques francophones, et adoption et implantation de la planification sensible au genre.

  3. Mieux partager pour mieux transformer: plus de concertation à travers la création d’un méta-portail de services numériques et renforcement de la coopération entre la Francophonie, ses États et gouvernements et la société civile.

Aneta Gonța

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